Ce qui s'est passé il y a quelques jours à l'est saoudien a largement été boycotté par les médias mainstream et pourtant l'événement mérite d'être largement pris en compte alors même que le régime saoudien en général et la personne de prince héritier en particulier, peinent en dépit de vastes remaniements au sein de l'appareil de l'État, à se remettre du séisme que furent les révélations faites autour de l'assassinat de Khashoggi. Des sources proches des services de renseignement saoudien confirment la descente des dizaines de membres des forces de sécurité dans la province de l'est saoudien Qatif, simultanément au troisième anniversaire de la "décapitation" du leader des chiites saoudien, Cheik Baqer Nimr al-Nimbr. Selon les services de renseignement, les militaires ont ouvert le feu sans état d'âme sur les Saoudiens qui célébraient la mémoire de leur leader : un bilan officiel fait état de six morts, tous des chiites et d'un blessé à al-Qatif, à l’est de l’Arabie saoudite.
Il s'agit d'un vrai déploiement militaire puisque les forces saoudiennes ont débarqué le lundi 7 janvier à Qatif à bord des blindés de l'armée, dans les villages d’al-Jaysh et d’Umm al-Hamam, aux alentours de la ville d'al-Qatif. C'est alors que les forces saoudiennes se sont mis à tirer à l’aveuglette sur les habitations. Selon les rapports parvenus, 6 jeunes ont été tués et plusieurs autres blessés.
Les offensives contre les régions à population chiite d'al-Qatif ont commencé avec les célébrations de l’anniversaire de la mort en martyr de Cheikh Nimr Baqer al-Nimr dans le monde. Le leader des chiites d'Arabie a été exécuté le 3 janvier 2016 à peine quelques semaines après la nomination de Ben Salmane à la tête du ministère de la Défense. Apprécié de la jeunesse déshéritée de Qatif, le dignitaire religieux n'avait pourtant jamais cautionné les actes de violence. Son assassinat est tous les ans commémoré à Qatif, à Al Awamiyah.
MBS se trompe comme toujours
Selon les analystes politiques, le déploiement de forces de répression à Qatif, alors que le royaume s'enlise dans la guerre au Yémen, est une mesure éminemment risquée. Limitrophe de Bahreïn, les répressions sanglantes de ces derniers jours à Qatif ont aussitôt répercuté de l'autre côté des frontières. En réaction à ces récentes attaques, le mouvement de la Révolution du 14 février de Bahreïn a vivement condamné les actions des forces saoudiennes dans la province d'Ach-Charqiya située à l’est de l’Arabie saoudite.
Le mouvement de la Révolution du 14 février a appelé l’ONU et les organisations des droits de l’homme à mettre en place un comité d’enquête sur les crimes commis par le régime saoudien. Les Bahreïnis sont appelés à condamner les exactions commises contre les habitants d’al-Qatif, dont la torture, l'attentat à la pudeur lors des manifs à venir. MBS va-t-il connaître la première crise sécuritaire sérieuse depuis le séisme "Khashoggi"?